12 décembre 1978, licenciements massifs d'Usinor Denain

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Il y a 45 ans, Usinor Denain licenciait plus de 5500 personnes avant de fermer

Usinor-Denain est une usine sidérurgique, fondée en 1839 par Jean-François Dumont au terme de dix années de restructurations.

Elle est considérée comme "l'usine mère", produisant jusqu'à 2 millions de tonnes d'acier en une année et occupant donc une place majeure dans le département.C'est le 12 décembre 1978 que l'usine licencie 5000 employés (12000 emplois supprimés dont la moitié en Lorraine) suite à des dettes abyssales.
En juillet 1980, le dernier haut-fourneau est arrêté. Au total, les effectifs de l'usine de Denain passent de 10 000 employés en 1966 à 200 lors de la fermeture définitive en 1988.Cet événement est le plus gros licenciement jamais établi en France et marque toute une génération Denaisienne qui reste traumatisée.Le 13 décembre 1978, une vaste manifestation a lieu à Denain, organisée par les syndicats CGT, CFDT, FO et CGC. À cette occasion, Pierre Mauroy a informé les sidérurgistes de Trith-Saint-Léger qu'il avait sollicité des mesures d'urgence pour la région auprès de Valéry Giscard d'Estaing.

Le 21 décembre, en compagnie de Gaston Defferre, il est retourné dans le Valenciennois pour annoncer qu'il serait reçu par le président de la République. À Denain, 25 000 personnes ont défilé, tandis qu'à Valenciennes, le nombre s'élevait à 50 000.

Le 21 février 1979, François Mitterrand, Pierre Mauroy, entre autres, ont énoncé une série de promesses, notamment l'absence de fermeture des hauts fourneaux et de l'aciérie, la construction d'une aciérie moderne, la mise en place d'une cinquième équipe pour le travail en continu, la réduction à 35 heures hebdomadaires, et la possibilité de prendre sa retraite à 55 ans pour des raisons de pénibilité...

Toute la journée et nuit de ce mercredi furent animées de combats violents allant jusqu'à des tirs de carabines 22 long rifle dans les jambes des CRS; dans un corps à corps avec un CRS un ouvrier a la main arrachée par l'éclatement d'une grenade.

En réaction à l'annonce de fermeture, la Confédération générale du travail a également lancé en mars 1979 six radios pirates, dont Radio-Quinquin, émettant depuis un appartement de syndicaliste à Thiant, et Lorraine Cœur d'Acier.

C'est ainsi que la page d'histoire d'Usinor se ferme, laissant un vide à de nombreux salariés et familles désemparés mais aujourd'hui une chance de réindustrialiser.

C'est sur les anciennes friches d'Usinor que de nouvelles entreprises comme Lesaffre sortiront prochainement de terre pour créer une centaine d'emplois et une nouvelle page d'histoire à la ville de Denain.