Le magasin de machines à coudre victime de son succès

> Retour à la liste Crise sanitaire

Au 81 de la rue de Villars, depuis la réouverture des commerces le 11 mai, on fait la queue chaque matin devant Statnik'couture.

Le magasin de machines à coudre est l'un des derniers de son espèce. « 99 % de ma clientèle est extérieure. On vient de Cambrai, Maubeuge, Valenciennes », situe Philippe Statnik. La pandémie a entraîné un boom de son activité : « Des femmes qui n'avaient jamais cousu se sont improvisées couturières, témoigne-t-il. Tout le monde fait des masques, j'ai reçu quantité d'appels de débutantes. » Résultat : la vingtaine de machines neuves qu'il avait en magasin à sa réouverture est partie sur trois jours. Il s'est, aussi, trouvé dévalisé en élastiques et en fil blanc. « En trente ans de présence, c'est la première fois que j'ouvre sans plus avoir de machine à vendre », constate-t-il au milieu de son joyeux désordre. La pénurie se répercute au niveau de ses fournisseurs : Juki le livrera pour la fin du mois ; Brother, entre la mi-juin et la mi-juillet.

Couture 2


Pendant les huit semaines de confinement, le réparateur a fait du travail à distance : « Les gens me demandaient d'aller chez eux, mais je dépannais par téléphone. » Puis il a reçu sur rendez-vous. La semaine de réouverture, il a rentré quarante machines à réparer, « l'équivalent d'un mois ». Pour cette raison, il n'ouvre plus que le matin et répare chez lui l'après-midi.

Le magasin existe à cet emplacement depuis septembre 1980, mais il se situait avant rue Jules-Mousseron. La maman de Philippe Statnik l'a repris en mars 1990 et lorsqu'elle a pris sa retraite, son fils, à ses côtés depuis le début comme vendeur extérieur, lui a succédé, au 1er janvier 2006. Au même moment, Singer renonçait à ses boutiques pour ne plus être distribué que par les grandes surfaces. Sur l'enseigne, « pour garder le S », le revendeur a donc remplacé Singer par Statnik. Outre Brother et Juki, il vend la marque Pfaff. « Mais je répare toutes les marques. » Avec la fermeture de la mercerie Pénélope, il a étoffé ce rayon. En mars de cette année, évoque Philippe Statnik, « nous aurions dû fêter nos trente ans : je voulais marquer cet anniversaire ». La crise sanitaire a changé ses plans mais en lui profitant, de sorte que le magasin est quand même à la fête.

81, rue de Villars. Tél. 03 27 32 12 96.