La poésie, Alain Ledrôle en joue tel un funambule.

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La mort est une fatalité qui nous guette tous. Comment y faire face, comment l'appréhender surtout lorsqu'elle nous affecte ?

Avec ses milliers de morts, l'épisode de canicule extrême qui a touché la France en 2003 a marqué les esprits, plus encore celui d'Alain Ledrôle, figure locale bien connue des Denaisiens. Proche des aînés, le correspondant local de presse de la Voix du Nord avait alors pris sa plume pour exprimer l'importance d'une présence, aussi minime soit-elle, auprès des personnes les plus isolées.

« Personne ne mérite de mourir dans l'indifférence » s'insurge le reporter. Qu'elle soit lisse ou cabossée, joviale ou dramatique, la vie devient à l'époque un formidable terrain de jeu pour son talent d'écriture. D'autres textes suivront, une vingtaine au total. Par crainte de les voir dormir au fond d'un tiroir, son épouse Marie-Lise lui intime l'idée d'être affilié à la SACEM et de déposer ses textes sur la plateforme numérique de la société. « Elle avait totalement raison car je ne connaissais personne pour les mettre en musique ».

Son goût conjugué pour la musique et l'écriture, Alain va l'entretenir pendant de longues années avec Christian Descamps, le leader du groupe Ange (notre photo). « C'est par l'entremise de Patrick Roy que nous nous sommes rencontrés lors d'un concert au théâtre de Denain » explique l'ancien technicien en mécanique. Une franche et belle complicité va naître et perdurer entre ces deux troubadours des temps modernes. Elle s'appuie sur un intérêt commun pour la langue de Molière. Un intérêt qu'Alain découvre à son entrée au collège : « sans doute grâce à la méthode pédagogique de ma professeur de français en 6me. Tout était basé sur le jeu » se remémore Alain, jamais avare d'une bonne blague.

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants » introduisait Jean d’Ormesson le 6 juin 1974 dans son discours de réception à l'Académie Française. C'est en ce sens qu'il convient de s'imprégner du texte qu'Alain écrit durant la canicule de 2003 et qui a pour titre original « La Toussaint ». La rencontre fortuite avec Geoffrey Dauvillaire, instituteur à l'école maternelle Mousseron de Douchy-les-Mines et créateur du groupe de pop-rock GDon (notre photo) va aboutir à l'adaptation en chanson du texte du Denaisien. C'est durant le confinement que les hommes conjuguent leur art respectif. Son talent d'écriture, Alain l'avait déjà mis en exergue par le passé. On lui doit notamment une chanson très touchante sur les « Parents et l'évolution de la vie » dans la comédie musicale « Chœur de femmes L » jouée en 2017 sur la scène du théâtre municipal.

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La collaboration avec Geoffrey Dauvillaire devient vite une évidence. Les deux hommes ont une âme de poète. En autodidacte, le musicien tombe sous le charme pour le texte et trouve rapidement une mélodie à la gratte. Les autres membres de GDon apportent naturellement leur touche personnelle au projet musical. Rebaptisée « Ceux qui restent », la chanson a été dévoilée en mai dernier et fait l'objet d'un clip original. Elle figurera sur le prochain LP du groupe local (sortie prévue en fin d'année). Dans « Nos absents », Grand Corps Malade chantait « On leur a pas dit au revoir, ils sont partis sans notre accord, car la mort a ses raisons que notre raison ignore ». Ceux qui ont aimé la complainte de GCM aimeront assurément la chanson de GDon. Elle apaise, elle réconforte, elle veille à éveiller nos consciences. Un conseil, n'attendez pas la Toussaint pour écouter le morceau. il est disponible à l'écoute sur la chaine Youtube via le lien https://youtu.be/aSbOhmYX01I